La Prêle
Une plante vivace des sols humides
Indications
Reminéralisation osseuse, douleurs articulaires, consolidation des fractures, tendinites, règles abondantes, caries dentaires, ongles ou cheveux cassants, troubles urinaires.
Description
Autrement appelée queue de renard, queue de cheval ou queue de rat par l’aspect filiforme de son rameau, la prêle des champs vient du latin Equisetum Arvense (equus : cheval ; seta : soie, crin et arvense : des champs). L’étymologie de son nom français provient du latin asparella, asper, du fait de l’âpreté de son goût.
Culture
La prêle des champs est une plante vivace des sols humides et sablonneux d’Europe, d’Afrique du nord et du nord de l’Asie. On utilise ses parties aériennes stériles, récoltées par temps sec (généralement de mai à août), que l’on suspend en bouquets avant de les sécher au soleil. Il faut néanmoins prendre garde à ce que les tiges ne noircissent pas et conservent leur aspect verdâtre, afin de conserver l’essentiel de leurs propriétés.
Historique
La prêle, comme la salicorne, est connue des hommes depuis les premiers âges de la Terre, soit depuis 250 millions d’années. De nombreuses empreintes fossiles de cette plante primitive ont été retrouvées dans certaines couches sédimentaires. Elle atteignait alors plusieurs mètres de haut. Ses applications thérapeutiques sont vantées depuis la nuit des temps.
Partie utilisée
La prêle est utilisée en décoction. Ses tiges stériles sont très riches en matières minérales avec une teneur exceptionnelle en silicium : près de 80 % de ses cendres contiennent de la silice ! Elles sont également riches en calcium (sous forme de phosphate et surtout de carbonate), en potassium (sous forme de chlorure et de sulfate), ainsi qu’en fer, manganèse, magnésium, sodium et souffre…
La prêle contient aussi un saponoside, des dérivés flavoniques, des traces d’alcaloïdes et des tanins.
L’usage abrasif des tiges de prêle était autrefois préconisé pour récurer la vaisselle d’étain ou d’argent et polir des ouvrages d’ébénisterie. Olivier de Serres (écrivain, agronome du XVIe siècle) loue les avantages domestiques de la plante : « Asprela, pour sa grande aspreté et rudesse du manier, dont les ouvriers imagers, peigners, et autres faisans choses délicates, se servent pour polir leur ouvrage l’en frottant ». Cette propriété lui valut son surnom "d’herbe à récurer".
Propriétés
Envahissante pour les jardiniers, véritable chiendent mais excellent fongicide, la prêle demeure une plante commune aux vertus extraordinaires. Pline l’Ancien (homme de lettres, historien et militaire romain) la nommait « poil de la Terre » et la glorifiait à travers ces mots : « Sa nature est tellement merveilleuse qu’à peine y toucher, c’est assez pour étancher le sang des patients ». Galien (médecin de l’Antiquité) s’en servait également pour les saignements de nez et pour soigner tendons et ligaments blessés. Nicolas Culpeper (herboriste anglais du XVIIe siècle) la considérait comme « très puissante pour arrêter les saignements… la guérison des ulcères… le jus ou la décoction étant bus… ou appliqués extérieurement. Elle soude ensemble les blessures et soigne toutes les ruptures ». Les Amérindiens l’utilisaient également pour soutenir le développement des fibres musculaires et pour souder les fractures.
Actifs
Acide silicique (bioxyde hydraté de silicium) et silicates (minéraux à base de silicum et d’oxygène), flavonoïdes (pigments protecteurs des plantes, appartenant à la famille des polyphénols), saponosides (équisétonoside) et alcaloïdes (nicotine).
Actions
L’action de la silice est réputée sur les articulations. Elle participe à stimuler la synthèse du collagène contenu dans les tissus osseux et conjonctifs et facilite la recalcification et la reconstitution du cartilage dans le traitement des maladies articulaires. Reminéralisante, la silice améliore l’élasticité et la souplesse des tendons et est particulièrement préconisée pour les sportifs qui les mènent à rude épreuve. Les carences en silicium tendant à s’accentuer avec l’âge, des cures de prêle peuvent contribuer à pallier la dégénérescence des tissus. La prêle est en outre conseillée aux personnes en convalescence, souffrant d’anémie. Également diurétique, sous l’effet des saponines qu’elle renferme, la prêle est reconnue dans les diverses affections rénales et se montre efficace contre la cellulite. Les anciens vantaient déjà les qualités hémostatiques de la prêle, particulièrement efficace pour la cicatrisation et contre les règles abondantes. Dioscoride (médecin grec) louait sa « vertu astringente ; son jus étanche le sang coulant du nez, il est bon aux dysenteries et bu en vin provoque à uriner ».
Recherches internationales
La commission E reconnaît l’usage médicinal de la prêle dans le traitement des oedèmes post-traumatiques, les infections des voies urinaires et rénales, ainsi que la guérison de plaies. De plus, la silice facilite l’absorption du calcium, d’où l’usage traditionnel de la prêle pour renforcer ongles et cheveux, et pour prévenir toute dégénérescence osseuse.
Le médecin et scientifique allemand Rudolf Fritz Weiss confirme, après étude, l’action bénéfique de la silice contenue dans la prêle pour soulager les douleurs articulaires.
Contre-indication
La prêle est fortement déconseillée en cas d’œdème associé à un dysfonctionnement cardiaque ou rénal et en cas de troubles rénaux ou hépatiques. De même, chez la femme enceinte ou les jeunes enfants, pour sa teneur en nicotine. Elle peut également causer certains désagréments aux personnes traitées au lithium, risquant de les déshydrater en raison de ses propriétés diurétiques, ainsi qu’aux personnes consommant de la digitaline, passibles de présenter des carences en potassium. De plus, en cas de consommation excessive, la prêle renferme une enzyme, la thiaminase, qui est susceptible de dégrader la thiamine (vitamine B1), indispensable à la transformation des glucides en lipides.